Bruxelles prsente une nouvelle feuille de route et un plan pour l'efficacit nergtique

Publish date: 2024-07-26


La Commission européenne a adopté le 8 mars une "feuille de route" visant à transformer l'Union européenne en une "économie compétitive et sobre en carbone" à l'horizon 2050 ainsi qu'un plan de mesures concrètes pour réduire la consommation d'énergie. La première explique comment "atteindre de manière rentable" l'objectif que s'est fixé l'UE de réduire de 80% à 95% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2050, par rapport à 1990. "Nous devons amorcer la transition vers une économie sobre en carbone maintenant. Plus nous attendrons, plus les coûts seront élevés, a justifié Connie Hedegaard, commissaire à l'Action climatique. Du fait de l'augmentation constante du prix du pétrole, l'Europe voit sa facture énergétique augmenter chaque année et devient de plus en plus vulnérable face aux chocs des prix. Amorcer la transition maintenant se révélera efficace. Et la bonne nouvelle est que nous n'avons pas besoin d'attendre des percées technologiques. Nous pouvons mettre en place une économie sobre en carbone en poursuivant le développement des technologies performantes déjà disponibles. Tous les secteurs économiques, y compris l'agriculture, le bâtiment et les transports, devront contribuer à cette transition."

Mesures internes

La feuille de route indique donc la trajectoire à suivre à partir d'une analyse coût/efficacité et recommande que l'Europe parvienne à l'objectif de réduction de 80% de ses émissions de GES "essentiellement au moyen de mesures internes, puisqu'en 2050 les crédits disponibles au niveau international pour compenser les émissions seront plus rares qu'aujourd'hui". "Toute utilisation de crédits d'émissions contribuerait à réduire les émissions au-delà des 80%", précise-t-elle.
Le modèle économique sur lequel s'appuie la feuille de route montre que "pour atteindre un objectif de 80% de réduction en interne d'ici 2050, des réductions de l'ordre de 40% et 60% par rapport aux niveaux de 1990 devront être atteintes d'ici 2030 et 2040, respectivement. Tous les secteurs devront contribuer. Les politiques actuellement en place devraient permettre de réduire les émissions internes de 30% en 2030 et de 40% en 2050". L'analyse conclut "qu'atteindre l'objectif de réduction des émissions fixé pour 2050 de la manière la plus rentable possible implique une réduction des émissions de 25% en 2020". Cette réduction devrait être obtenue grâce à des mesures internes uniquement, à la différence de l'objectif actuel de réduction des émissions de 20%. La feuille de route montre que cette réduction de 25% des émissions intra-européennes peut être obtenue en 2020 si, d'une part, l'UE atteint l'objectif d'amélioration de 20% de son efficacité énergétique, réaffirmé par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Sommet sur l'énergie du 4 février dernier, et si, d'autre part, l'UE met pleinement en œuvre les mesures du paquet Energie et Climat".
La feuille de route détaille les efforts à réaliser par secteur pour atteindre un objectif européen compris entre -40 et -44% en 2030 et entre -79 et -82% de réduction des émissions de GES en 2050. L'effort le plus important doit être porté par le secteur de l'électricité (-54 à -68% en 2030 ; -93 à -99% en 2050), suivi du bâtiment/services (-37 à -53% en 2030 ; -88 à -91% en 2050), de l'industrie (-34 à -40% en 2030 ; -83 à -87% en 2050), des transports (+20 à -9% en 2030 ; -54 à -67% en 2050) et enfin de l'agriculture (-36 à -37% en 2030 ; -42 à -49% en 2050).
"La mise en place dans l'UE d'une économie sobre en carbone nécessitera un niveau d'investissement annuel supplémentaire sur les quarante prochaines années équivalent à 1,5% du PIB de l'UE, soit 270 milliards d'euros, au-delà du niveau d'investissement actuel de 19% du PIB, avance aussi la feuille de route. Cette augmentation est simplement équivalente à un retour au niveau d'investissement d'avant la crise économique en Europe. Ces investissements supplémentaires seront compensés, en totalité ou en partie, par une réduction des factures pétrolière et gazière. Selon les estimations, ces économies d'énergie devraient être comprises entre 175 et 320 milliards d'euros par an." La feuille de route est une communication destinée au Conseil, au Parlement européen et aux autres institutions de l'Union. Une prochaine étape consistera, selon la Commission, à travailler à élaborer des feuilles de route spécifiques par secteur économique, en coopération avec les acteurs des secteurs concernés.

Efficacité énergétique à renforcer

Directement lié à la feuille de route, le plan européen pour l'efficacité énergétique propose de nouvelles mesures visant à renforcer les économies d'énergie. Car selon la Commission, si la situation actuelle perdure, l'UE ne parviendra à réaliser que la moitié de l'objectif des 20% d'amélioration de l'efficacité énergétique qu'elle s'est fixé à l'horizon 2020. "Le plan ouvre la voie à des politiques à plus long terme, indispensables pour créer, d'ici à 2050, une économie décarbonée qui utilise efficacement les ressources, et pour placer l'UE à la pointe de l'innovation", a déclaré Günther Oettinger, commissaire chargé de l'énergie.
Le plan propose cinq grands types d'actions. Il entend d'abord "favoriser le rôle exemplaire du secteur public" et prévoit un objectif contraignant pour accélérer le taux de rénovation des bâtiments publics. Les pouvoirs publics devraient ainsi être obligés de rénover au moins 3% de leurs bâtiments chaque année. Il introduit aussi des critères d'efficacité énergétique applicables aux marchés publics. Il propose également de "déclencher le processus de rénovation des bâtiments privés" et d'améliorer la performance énergétique des appareils électriques, d'améliorer l'efficacité de la production d'électricité et de chaleur, de prévoir des exigences en matière d'efficacité énergétique applicables au matériel industriel, un renfort des informations communiquées aux PME, ainsi que des audits énergétiques et des systèmes de gestion énergétique pour les grandes entreprises. Enfin, il souhaite encourager le déploiement des réseaux et compteurs intelligents "qui fournissent aux consommateurs les informations et services indispensables pour optimiser leur consommation d'énergie et calculer leurs économies en la matière".
La Commission a indiqué qu'elle "suivra la mise en œuvre du plan d'action et traduira ces initiatives en une proposition législative dans les prochains mois" et "fera un rapport sur les progrès réalisés au printemps 2013 dans le cadre de la nouvelle gouvernance UE 2020". "Si les conclusions révèlent que l'objectif global de l'UE risque de ne pas être atteint, la Commission proposera des objectifs juridiquement contraignants pour 2020. Actuellement, la priorité consiste à mettre en place des mesures contraignantes pour aider les États membres, les entreprises, ainsi que les citoyens à atteindre leurs objectifs en matière d'économies d'énergie et à diminuer leurs factures énergétiques".
Pour les écologistes, les initiatives de la Commission sont une nouvelle occasion manquée. "Cette feuille de route européenne mène à une catastrophe climatique", ont déploré les Amis de la terre. "L'ambition de la Commission européenne est sur la voie du renoncement", a pour sa part jugé l'eurodéputé vert français Yannick Jadot. "Le commissaire Oettinger veut laisser les pays décider eux-mêmes de leurs objectifs d'économie d'énergie (...). Or, on sait déjà que, mises bout à bout, ces promesses nationales ne permettront pas de mettre un terme au gaspillage énergétique", a expliqué de son côté l'eurodéputé Vert luxembourgeois Claude Turmes.

ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFomqWhnZbBbq7Rrq%2BepJyawG680Z6qnqakmnq2usRmpaitppq5rbGMn5yuoZyhsm6wxGapqK2kmnqmwIyupWaonJa7brzOrqlmpJWbs6qvwJygrZ1dmrumvsaeq6KppZo%3D