Le muse de l'Histoire de France ira-t-il Fontainebleau ?
Sur proposition du ministre de la Culture, le président de la République a nommé, par un décret publié au Journal officiel du 23 septembre, Jean-François Hebert président de l'établissement public du château de Fontainebleau. Conseiller maître à la Cour des comptes et président de la Cité des sciences et de l'industrie de 2002 à 2007, celui-ci était, jusqu'en juin dernier, le directeur de cabinet de Christine Albanel, alors ministre de la Culture. En même temps que cette nomination, Jean-François Hebert est "chargé de mettre en oeuvre le projet présidentiel de musée d'Histoire de France" et, plus précisément, d'en élaborer le projet scientifique et culturel. La création de cette nouvelle institution culturelle a en effet été annoncée par Nicolas Sarkozy lors de ses voeux au monde culturel, le 13 janvier dernier.
Ce double mandat simultané pose évidemment la question du lieu d'implantation de ce futur musée. Certes le choix n'est officiellement toujours pas arrêté, en dépit des scénarios proposés dans les rapports successifs d'Hervé Lemoine et de l'historien Jean-Pierre Rioux. Le nouveau président du château de Fontainebleau devra d'ailleurs aider le ministre de la Culture à "proposer rapidement un choix définitif au président de la République". Mais, dans la lettre de mission adressée par Frédéric Mitterrand à Jean-François Hebert, une formulation très byzantine ne laisse pourtant guère de doutes sur le fait que Fontainebleau devrait, à tout le moins, jouer un rôle de premier plan : "Compte tenu de votre expérience de la gestion des grands équipements culturels et de votre connaissance du dossier, j'ai décidé de vous confier la responsabilité de la création du musée d'Histoire de France au moment même où vous accédez à la présidence du château de Fontainebleau, qui ne saurait être étranger à un tel projet". Le ministre de la Culture insiste également sur le fait que "l'histoire de France ne se réduit ni à celle de Paris, ni à celle de Versailles".
Fontainebleau figurait en effet dans le rapport de Jean-Pierre Rioux qui, à partir d'une liste de quinze sites potentiels, en avait finalement proposé cinq : le château de Vincennes, les Invalides, Fontainebleau, le Grand Palais et le palais de Chaillot. Quelques jours avant son départ de la rue de Valois, Christine Albanel avait soumis au chef de l'Etat une liste réduite à deux noms. Celle-ci n'avait pas été rendue publique, mais des indiscrétions concordantes pointaient les noms des Invalides et de Vincennes. Si la majesté du lieu et le rôle de Fontainebleau dans l'histoire de France peuvent difficilement être contestés, le site souffre cependant de son éloignement de Paris (une soixantaine de kilomètres) et de son "faible" nombre de visiteurs (environ 400.000 par an, contre 1,5 million aux Invalides, et plus de trois millions au château de Versailles, le château de Vincennes n'ayant pour sa part rouvert que le 15 mai 2009, après plusieurs années de travaux). Si le choix de Fontainebleau devait se confirmer, le projet pourrait être différent de celui initialement envisagé. Le musée de l'Histoire de France - que la lettre de mission rebaptise d'ailleurs d'un plus modeste "maison de l'Histoire" - pourrait voir sa configuration "physique" réduite, au profit d'un rôle de tête de réseau d'un ensemble d'institutions muséales préexistantes en matière d'histoire, doublé d'un important volet virtuel.
Jean-Noël Escudié / PCA
Référence : décret du 21 septembre 2009 portant nomination du président de l'établissement public du château de Fontainebleau (Journal officiel du 23 septembre 2009).
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