Le numrique ducatif donne une seconde chance l'cole de s'ouvrir sur le territoire
"Non l'Education nationale n'est pas le lieu de tous les conservatismes… et pourtant le système scolaire ne va pas bien…". C'est à partir de ce double constat – presque contradictoire – que les treize membres du groupe créé au sein du Conseil national du numérique (CNNum) se sont mis au travail. Pour réaliser le rapport "Jules Ferry 3.0", publié le 3 octobre, ils sont partis du postulat que les technologies du numérique pouvaient apporter des réponses aux difficultés de notre système scolaire. A condition, toutefois, d'opérer de profonds ajustements voire une reconfiguration de l'école. “Si le numérique ne constitue pas la réponse à tous les maux, c’est un atout dont il faut s’emparer pour aider l’école à reprendre le flambeau de l’égalité des chances et améliorer l’accès de chacun au savoir dans une logique d'appropriation des élèves comme des professeurs", dira le président du CNNum, Benoît Thieulin, lors de la conférence de presse de présentation. "L'école doit s'appuyer sur une organisation plus horizontale, plus coopérative, solidaire et créative" ajoutera Sophie Pène, l'animatrice et pilote du groupe de travail.
L'ambition et l'objectif du Conseil étant de proposer des "chemins praticables" et des actions de court et moyen terme pour amorcer la transition numérique.
Mettre l'école "en réseau ouvert"
Au total huit axes thématiques de recommandations ont été formulés. Ils portent principalement sur : l'enseignement de l'informatique qui deviendrait une matière plus stratégique à l'école avec, en prime, la création d'un bac généraliste des "humanités numériques" (Bac HN) ; le lancement de recherches destinées à renforcer la "compréhension du savoir" et "l'éclairage des politiques publiques" ; le dynamisme des startups françaises intervenant dans l'espace numérique de la formation ; et d'une manière générale sur le renforcement de notre industrie pour valoriser les programmes et rayonner à l'international.
La thématique de l'ouverture qui correspond dans le rapport à l'axe "mise en réseau de l'école dans son territoire" n'est pas nouvelle. Mais, cette fois, le changement réside dans l'usage assigné au numérique. Il y est question de ses vertus "facilitatrices" et surtout de sa large diffusion dans la société qui pourrait être mieux exploitée au bénéfice de l'école. Tout d'abord en permettant d'accéder à de nouvelles connaissances et méthodes de travail : apprendre avec l'école et aussi avec les communautés dans les territoires. Ensuite en permettant d'accéder à des ressources directement utiles comme "les expertises, énergies, et acteurs extérieurs enseignant déjà l’informatique ou organisant la médiation numérique..."
Sur le terrain, des initiatives innovantes dans certains collèges et lycées, par le biais d'associations, par exemple, spécialisées dans le codage ("coding goûters", "ateliers bidouille" des Petits Débrouillards...), explorent des nouvelles voies prometteuses. Leur amplitude reste encore limitée, mais elles confirment l'intérêt de l'enseignement de l'informatique à l'école et son potentiel d'ouverture à l'extérieur à travers "des projets utiles pour la vie de la cité, en collaboration avec des entreprises, des collectivités territoriales et des associations locales".
Des collectivités plus étroitement associées aux décisions
Les collectivités pourraient être plus étroitement associées "à la définition et au pilotage des politiques éducatives du numérique", estiment également les auteurs du rapport. Ils proposent de réunir l'informatique administrative et l'informatique pédagogique "en un système d'information complet, centré sur l'expérience des usagers". Et mettent en avant le "foisonnement de modalités éducatives" permettant aujourd'hui de renforcer les liens entre l'école et la ville. Modalités qui ont déjà fait leur preuve sur le décrochage et la démotivation scolaires.
Ce phénomène qui préoccupe à juste titre le ministère, semble avoir bénéficié localement de solutions efficaces, à travers de nouvelles formes d'actions : écoles, formations en mode associatif, partenariats avec des espaces publics numériques et de laboratoires de fabrication (Fab labs)… "Des initiatives qui ont enrichi l'école et montré aux équipes éducatives l'énergie des élèves quand on les laisse exprimer leurs projets".
Plusieurs exemples esquissent de nouvelles voies
Dans ce domaine, les initiatives extérieures se sont multipliées au cours de ces dernières années : "l'école 42" a lancé, en 2013, une formation informatique sans condition de diplôme qui a donné lieu, dès le premier recrutement, à la candidature de 50.000 jeunes (pour 700 élus au final). D'autres initiatives, comme Transapi proposent aux lycéens des espaces coopératifs de travail (espaces de coworking) extérieurs au lycée, pour prendre un café, réviser à plusieurs ou participer à un atelier de mathématiques ou de musique.
Le projet de Fab lab de Biarne (Jura) collabore avec trois lycées (Dôle et Moirans), l'université de Besançon, trois pôles de compétitivité et plusieurs entreprises pour partager, mettre en commun et transmettre des savoir-faire. Ces exemples esquissent de nouvelles voies utilisables, soit pendant le temps scolaire, en réseau, soit en exploitant dans les activités périscolaires, en y associant si possible les professeurs des écoles afin qu'ils profitent des échanges et des synergies ainsi opérés.
L'école doit rechercher de nouvelles alliances pour retrouver son souffle
"Notre crise scolaire appelle un tissu éducatif large et bienveillant", lancent les auteurs. L'école doit rechercher de nouvelles alliances afin de mettre en place les solutions qui vont l'aider à retrouver "son souffle" et "à préparer le futur". Parmi les défis posés, celui de la coopération, c’est-à-dire les appuis nouveaux dont les élèves et les professeurs ont besoin et celui de la gouvernance, avec les collectivités territoriales, les communautés de parents, les associations et les collectifs d’élèves semblent aujourd'hui les plus urgents à relever, du moins dans une approche territoriale équilibrée et enrichie.
C'est pourquoi, dans la société d'aujourd'hui, le système de formation ne peut plus se régler uniquement de manière centralisée mais aussi à travers des négociations et des arbitrages entre acteurs locaux et dans le contexte d'un projet précis, défini collectivement.
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