chaque rgion aura son centre de rinsertion d'ici fin 2017
Il y a quelques jours, France Inter révélait que 60 à 80 jeunes de Trappes étaient partis en Syrie. Des quatre coins du pays, de Sartrouville, Sevran ou Lunel, ils sont 627 en France à avoir rejoint les rangs de l'Etat islamique. "Soit le contingent le plus important parmi les combattants européens", a souligné le Premier ministre, Manuel Valls, le 9 mai, lors de la présentation d'un nouveau "plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme", le second en un peu plus de deux ans (le premier datait d'avril 2014). A la clé, une cinquantaine de mesures nouvelles qui visent essentiellement à combattre la radicalisation au niveau territorial, alors que, derrière les seuls djihadistes, l'adhésion au discours de Daech est beaucoup plus large. 9.300 personnes ont été signalées pour "radicalisation violente" à ce jour. "Face à la déstabilisation de certains quartiers, les maires et les conseils départementaux ne peuvent, bien sûr, rester seuls", a assuré le chef du gouvernement, précisant que l'Etat souhaitait "nouer un partenariat beaucoup plus actif avec les collectivités territoriales".
Preuve de cet engagement, le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) sera abondé de 40 millions d'euros supplémentaires, en plus de la rallonge de 60 millions sur trois ans déjà actée après les attentats de janvier 2015. Ce qui correspond au total à un supplément de 100 millions d'euros d'ici 2018 pour financer les actions des collectivités et une partie des actions de ce nouveau plan (les autres le seront dans le cadre des lois de finances).
Doubler les prises en charge en deux ans
Le plan vise avant tout à "doubler en deux ans" la capacité de prise en charge des personnes radicalisées, sachant qu'aujourd'hui, quelque 1.600 jeunes et 800 familles font l'objet d'un accompagnement des cellules de suivi de chaque département. Selon Matignon, 70 de ces cellules mettent en œuvre des actions concrètes en partenariat avec les services publics sociaux, les collectivités territoriales, les réseaux associatifs, "à la demande de l'autorité judiciaire", soit dans un cadre socio-éducatif, soit dans le cadre pénal.
Manuel Valls veut aller plus loin et demande aux préfets que d'ici "fin 2017" un "centre de citoyenneté et de réinsertion" soit installé dans chaque région afin de répondre au besoin croissant d'accompagnement. Manuel Valls avait déjà eu l'occasion d'évoquer la création de ces centres en novembre dernier. Les deux premières structures auraient dû voir le jour début 2016 mais elles ont pris du retard. Le premier de ces centres sera "mis en place cet été", a assuré le Premier ministre cette fois-ci. Deux profils sont concernés. "Les premiers accueillis pourront être des repentis, dont nous éprouverons la sincérité et la volonté de réinsertion dans la durée", a précisé Manuel Valls. Par ailleurs, au moins la moitié de ces futurs établissements accueilleront "à la demande de l'autorité judiciaire, des personnes qui ne peuvent pas être placées en détention".
Des initiatives de collectivités
Le pilotage du dispositif est assuré par le comité interministériel de prévention de la délinquance "et de la radicalisation". Le rattachement de la radicalisation à son champ avait déjà été annoncé lors du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté des Mureaux le 26 octobre 2015. Le CIPDR, dont les effectifs seront renforcés, constituera une "cellule nationale de coordination et d'appui à l'action territoriale des préfets de département, des collectivités et des réseaux d'opérateurs associatifs", précise Matignon. A noter que les collectivités pourront être représentées au sein du CIPDR. Certaines ont pris les devants dans ce domaine. Depuis septembre, Bordeaux dispose d'un "centre d'action et de prévention contre la radicalisation des individus" (Capri). La ville de Sarcelles vient de lancer un appel d'offres pour la création de sa propre structure dans le cadre d'un programme de trois ans comprenant "modules de désengagement", construction de "contre-discours"... Manuel Valls compte lui aussi, à travers son plan, "construire de puissants contre-discours", "contrecarrer la propagande djihadiste et salafiste". Il sollicite pour cela "les géants du Net" et "les voix de l'islam de France", mais aussi le monde de la recherche (avec la création d'un conseil scientifique permanent) et l'Education nationale. Celle-ci devra ainsi travailler à "prévenir les risques d'emprise complotiste, de radicalisation violence et de désocialisation" en développant "la culture du débat chez les élèves". "L'éducation aux médias doit prendre de l'ampleur ; elle est la meilleure arme contre le complotisme", a martelé le Premier ministre.
Un plan d'action dans chaque contrat de ville
On notera aussi la volonté d'inscrire dans chaque contrat de ville d'ici fin 2016 un "plan d'action contre la radicalisation" venant s'ajouter aux trois volets actuels (cohésion sociale, renouvellement urbain et développement économique). Là encore, la mesure avait été annoncée de longue date. Maires et préfets sont aussi invités à créer un volet de prévention de la radicalisation au sein des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) "partout où la situation l'exige". Si la commune fait l'objet d'un contrat de ville, les deux plans seront conjoints ou, à tout le moins, "étroitement coordonnés".
Pour l'élaboration de ce plan d'action à inscrire dans le contrat de ville, "un cadre de référence sera diffusé aux acteurs de la politique de la ville", ont précisé le ministre de la Ville et sa secrétaire d'Etat dans un communiqué.
L'exécutif souhaite renforcer la formation des "acteurs en contact avec les publics susceptibles d'être ciblés par les mouvements radicaux". Depuis 2014, 7.000 personnes, notamment des professionnels des services publics, ont été formés à la détection de signes de radicalisation.
Le plan prévoit de créer une grille d'indicateurs de sortie de la radicalisation "destinée à venir en appui aux acteurs locaux engagés dans la prise en charge des personnes concernées".
Manuel Valls a déclaré que "quiconque [s'engageait] dans les filières terroristes [perdait] le bénéficie des droits sociaux". Une polémique était survenue alors que la sœur de Mohamed Merah, impliquée dans les filières salafistes, continuait de percevoir des aides en tant que mère isolée de quatre enfants. En deux ans, 517 personnes ayant rejoint une zone de conflit ont cessé de percevoir leurs prestations "après que leurs droits à en bénéficier ont été clôturés", indique Matignon.
On notera enfin la création d'un service de renseignement spécifique en milieu pénitentiaire. Manuel Valls souhaite aussi faire de la France le premier pays à mettre en place le PNR européen (le fichier des passagers aériens) d'ici l'été. La création d'un PNR maritime est actuellement envisagée dans le cadre de la proposition de loi sur l'économie bleue.
Le Premier a insisté sur le fait qu'il s'exprimerait "personnellement" lors d'une "journée de mobilisation et d'échanges avec les collectivités" organisée par le gouvernement en marge du Congrès des maires. "Les grands réseaux associatifs et les opérateurs de services publics" seront invités à participer à cette rencontre nationale et trois conventions-cadre nationales doivent être signées avec l'Association des maires de France, Ville et Banlieues et le réseau des missions locales.
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