Alter-Action, programme sportif original, permet aux jeunes de s'affirmer
Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise (lire encadré Vues du Québec)
Une marche de nuit en raquettes dans la forêt, 200 km de vélo, 500 km de course à pied en relais, le défi sportif est considéré dans le programme d’Alter-Action comme un rite de passage. "Chaque défi emmène le jeune au bout de ses limites psychologiques et physiques. Le réussir, c’est franchir un cap, se dépasser et se mobiliser pour que le groupe réussisse. Les jeunes découvrent qu’ils sont capables de grandes choses, un enseignement pour leur vie future" indique Jean-Luc Caillaud, co-directeur de DesÉquilibres. Reconnu par de multiples partenaires, ce programme bénéficie aujourd’hui d’un financement associant fonds privés, parapublics et publics (voir encadré).
Volontariat des jeunes et implication des établissements scolaires
La coopérative DesÉquilibres recrute au sein des établissements secondaires des groupes, constitués à chaque fois d’une vingtaine de jeunes de 12 à 17 ans, sur la base du volontariat. Dès le stade de l’inscription, les écoles jouent un rôle. "Elles organisent l’information au sein de l’établissement et incitent certains jeunes à participer parce que la communauté éducative pense que le programme va les aider", note Soizic Lelièvre, co-directrice de DesÉquilibres. Généralement, la tranche des 14-15 ans est privilégiée. C’est un âge charnière souvent à risque en matière de décrochage scolaire. Durant tout le déroulement du projet au sein de l’établissement scolaire, un comité de suivi accompagne la démarche. Et plusieurs directeurs d’établissements constatent de réels changements dans le comportement des jeunes qui suivent ce programme.
Des jeux sportifs à visées pédagogiques bien précises
Durant douze semaines, chaque groupe, encadré par deux "éductraîneurs" de DesÉquilibres, s’entraîne trois fois par semaine, juste après la fin des cours qui, au Québec, se terminent à 15h. Ni foot, ni hockey, ni baseball : les sports traditionnels sont évités pour que tous les participants soient sur un même pied d’égalité. L’entraînement consiste en de la course à pied et des jeux sportifs avec de multiples variantes. Chaque jeu a un objectif précis : coopérer, entrer en conflit… et vise à mettre en place une dynamique de groupe. Progressivement, le temps accordé à la course s’allonge. Rythmée par un défi sportif toutes les 4 semaines, la séquence se clôture sur une course de relais de 500 km, véritable point d’orgue d’Alter-Action. L’ensemble de cette séquence sportive sera désormais répertorié dans un guide pédagogique, disponible en septembre 2013.
De la confiance en soi à la transmission… et au diplôme
Après cette étape, les jeunes ont l’occasion de transmettre ce qu’ils ont appris au sein d’ateliers sportifs. Toujours coachés par les "éductraîneurs" de DesÉquilibres, ils vont à leur tour proposer des défis sportifs et ateliers sur le temps périscolaire dans les écoles primaires. "Ils sont eux-mêmes mis en situation d’encadrer et constatent leur capacité à transmettre". Cette expérience peut aussi leur permettre de décrocher le diplôme d’animateur du DAFA (le BAFA français), puisque la coopérative DesÉquilibres est habilitée pour dispenser cette formation. D’anciens jeunes formés ont même monté leur propre coopérative jeunesse pour animer des ateliers Alter-Action au sein de leur établissement scolaire.
Un programme qui s’adapte à des publics variés
"Notre outil est pertinent pour des 12-17 ans en milieu scolaire, mais également pour des 18-25 ans en situation de réinsertion économique." La coopérative vient ainsi de débuter un projet avec Emploi Québec (l’équivalent de Pôle Emploi) qui combine un Alter-Action et des ateliers de recherche d’emploi. Depuis janvier 2013 des ateliers sont également proposés aux enfants trisomiques et à leurs parents.
Six ans après le démarrage, 160 jeunes par an bénéficient de ce programme sportif à Montréal et Laval en proche banlieue. A la suite du retour en France d’un des fondateurs, DesÉquilibres cherche également à s’implanter à Die dans le Vercors pour transposer aujourd’hui ce modèle au contexte français.
Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Financement multi-partenaires
La coopérative DesÉquilibres salarie 6 personnes et bénéficie aujourd’hui d’un financement multi-partenarial sur la base des projets qu’elle engage. Soutenue par Le ministère des Finances et de l’Économie et la ville de Montréal, elle dispose également d’une aide financière des conférences régionales des élus de Montréal et Laval, via les forums Jeunesse (sorte de CESR français accordant des financements sur projets). Elle est par ailleurs financée par la fondation "Québec en forme" qui promeut les saines habitudes de vie, à travers un fonds financé à parts égales avec le gouvernement du Québec. Enfin, les établissements scolaires qui proposent un Alter-Action participent à son financement à compter de la seconde année (le programme leur est "offert" la première année). Chaque session pour un groupe de 20 jeunes représente l’équivalent de 19.000 euros.
Afin d’assurer la viabilité de son modèle économique, DesÉquilibres réfléchit actuellement à prospecter des marchés en capacité de payer le service offert, voire à développer son rôle de consultant. Le groupe a également créé sa fondation permettant une levée de fonds propres.
Vues du Québec
Fondations, organismes sans but lucratif (OSBL), coopératives, acteurs communautaires… une multitude de structures assurent les services et projets d’intérêt collectif au Québec. Plusieurs d’entre eux bénéficient de subventions publiques gouvernementales ou municipales.
A la croisée de ces multiples acteurs, le Québec a développé une capacité à articuler acteurs publics ou d’intérêt collectif et citoyens dans une démocratie participative portée par la notion d’empowerment (pouvoir d’agir), très présente sur le continent américain. L’aspect communautaire n’est jamais bien loin non plus, les personnes se regroupant par intérêt commun pour porter une cause sur le devant de la scène.
Mairieconseils.net publie un ensemble d’articles pour illustrer l’expérience québécoise. Quels que soient les sujets : jeunesse, école, culture, logement, personnes âgées ou funéraire, ces expériences peuvent être sources d’inspiration pour le développement local en France.
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